Notre recherche 

En un demi-siècle, les sociétés humaines ont réussi la conquête de l’Espace, et en ont fait un territoire nouveau, dont l’accès n’est plus réservé à quelques rares missions souveraines. L’Espace est aujourd’hui le théâtre d’activités toujours plus nombreuses menés par une variété d’acteurs : retour vers la lune ; lancement de satellites de plus en plus nombreux à des fins civiles (géolocalisation, télécommunications et connectivité, observation des phénomènes environnementaux sur Terre, etc.) mais aussi stratégiques (risque de nouvelle guerre des étoiles) ; démultiplication des vols habités, émergence d’un « tourisme spatial » et d’une quête de nouvelles ressources en matières premières.

Terre et lune

L’Espace est ainsi devenu un nouvel objet scientifique grâce à l’amélioration des techniques d’observation et d’analyse de l’univers ; un nouvel enjeu économique et industriel, qui ouvre des marchés nouveaux (développement grâce aux satellites de nouvelles technologies, mais aussi de nouveaux corpus de données utiles aux activités terrestres) ; et, donc, un nouvel objet géostratégique, puisque s’y jouent des luttes d’influence entre puissances pour l’occupation du territoire spatial lui-même, autant que pour les atouts majeurs que l’Espace offre dans l’anticipation et la gestion des conflits sur Terre.

Ces réalités nouvelles posent de multiples questions, qui toutes gravitent autour de la notion d’Espace comme « territoire ou bien commun » de l’humanité. Il s’agit à la fois de penser, organiser et réguler la coexistence d’intérêts multiples et parfois contradictoires. Il s’agit également de faire comprendre que, par les usages nouveaux qu’il permet, l’Espace n’est plus une réalité lointaine, théâtre de grandes découvertes ou de science-fiction, mais qu’il joue un rôle décisif dans la vie quotidienne des Terriens.

La chaire poursuit trois grands objectifs : développer une recherche pluridisciplinaire de pointe, sensibiliser un public large, former de futurs chercheurs et décideurs. 

Nos axes

1/ Usages et représentations de l’Espace à travers les âges et jusque dans son nouvel « âge d’or » des années 2020 : connectivité, constellations, exploration, vol habité, protection de l’environnement, et à plus long terme potentiel énergétique des ressources spatiales.

L’Espace est un territoire nouveau auquel l’humanité s’est donné accès. La Chaire étudiera les usages actuels et potentiels liés à l’espace : développement de nouvelles technologies du quotidien ; nouvelles activités commerciales ; observation spatiale des phénomènes terrestres physiques pour la résolution des grands défis (changement climatique, évolution de la biodiversité, anticipation et gestion des phénomènes extrêmes) ; observation et intervention depuis l’Espace à des fins stratégiques et militaires (depuis la Guerre des Etoiles promue par Ronald Reagan dans les années 80 à l’utilisation de Starlink dans le conflit ukrainien en 2022). En arrière-plan des travaux de la Chaire est toujours présente la question de savoir comment l’Espace peut être utilisé au mieux pour résoudre les grands défis du XXIème siècle auxquels l’humanité fait actuellement face.

L’originalité de la chaire Espace est de ne pas se limiter à l’étude des usages et des enjeux, mais aussi de travailler sur les représentations de l’Espace qui peuplent l’imaginaire commun depuis la nuit des temps. Il s’agit autant de faire évoluer les représentations sur ce que sont les activités humaines dans l’Espace, et les outils qui portent ces activités, que les représentations de l’Univers lui-même, en fonction des découvertes scientifiques récentes (découverte des exoplanètes, missions d’exploration, télescope James Webb, etc.).

Astronome antiquité

2/ Comment concilier l’Espace comme « bien commun » et l’Espace comme enjeu de souveraineté ? Comment en tirer toutes les ressources scientifiques et économiques sans le privatiser, le polluer et in fine compromettre sa stabilité.

Alors que l’essor de l’exploration spatiale avait été porté par des objectifs géopolitiques et militaires, l’Espace est aujourd’hui devenu une zone de compétition économique et industrielle majeure. Zone encore peu régulée (en comparaison des territoires terrestres), l’Espace fait néanmoins de plus en plus face à des logiques d’appropriation, soit dans le contexte des constellations en orbite basse, soit avec l’exploitation des ressources spatiales. Une nouvelle régulation de l’Espace devient indispensable, comme la régulation de l’espace aérien l’est devenue au cours du XXe siècle.

Réguler impose de définir en amont. Définir tout d’abord le statut de l’Espace, a minima comme zone encadrée par un corpus juridique, mais de façon plus ambitieuse en allant jusqu’à concevoir l’Espace comme un « territoire et bien commun » de l’humanité. Définir la vocation assignée à l’Espace, aussi, en s’appuyant par exemple sur la théorie économique et philosophique des « biens communs ». Ce travail de définition, dont l’ambition intellectuelle fait l’originalité de la Chaire, est au cœur du projet, et s’appuiera sur la richesse des expertises dans les différentes disciplines de l’ENS-PSL (philosophie, économie, droit, géopolitique, etc.).

SpaceX
Espace et écologie
Planète terre

La Chaire s’intéresse particulièrement à la double tension inhérente à la définition de l’Espace comme bien commun :

  • tension entre ambition d’un bien commun et logique d’appropriation marchande (des ressources naturelles et de l’Espace comme zone de circulation) ;
  • tension entre ambition d’un bien commun et utilisation de l’Espace comme enjeu et levier de souveraineté.

Autrement dit, comment parvenir à faire émerger un Espace comme bien commun, au sens économique et juridique, face à, d’un côté, la démultiplication des usages privés de l’Espace et, de l’autre, les ambitions des Etats.

La technologie du spatial est de plus en plus centrale dans la surveillance, l’information, l’anticipation et la prise de décision stratégique et militaire. Elle intervient même dans la réalisation de missions ou opérations militaires ciblées sur Terre. L’Espace n’est plus seulement un support pour les activités militaires terrestres, mais une zone où des conflits peuvent avoir concrètement lieu, et qui suppose une capacité de défense. L’Espace ne peut s’abstraire des logiques d’intérêt (intérêt des acteurs privés pour le développement économique, intérêts des Etats qui y voient un élément clef de leur défense et de leur capacité militaire) ; cet état de fait est un défi fondamental à l’ambition de construire une nouvelle régulation de l’Espace. La Chaire s’intéressera particulièrement à cette tension majeure entre l’ambition d’un espace partagé, et les intérêts de plus en plus évidents des Etats et des entreprises, en s’intéressant notamment aux enjeux et contraintes en matière de défense, et en croisant les approches philosophiques, juridiques et géostratégiques (notamment grâce au Centre Interdisciplinaire d’Etude des Enjeux Stratégiques de l’ENS-PSL).

3/ Quels apports de l’espace à la préservation de la planète ? Quels usages durables de l’Espace ?

Face aux épisodes climatiques violents : incendies, inondations, sécheresse, l’espace est une source de données exceptionnelle pour faire face à ces défis. Sur les 50 variables clefs pour mesurer le changement climatique (GIEC), 26 ne sont mesurables que depuis l’espace. Le programme Copernicus créé par l’Europe a permis des avancées dans la surveillance du climat depuis l’espace et les recherches devraient nous permettre plus de prospective. La logique du libre accès aux données de Copernicus doit permettre d’en accroitre l’impact sur son apport à la protection de la planète.
Mais, dans le même temps, l’espace est en proie à de nouveaux risques d’encombrement et de pollutions, notamment en orbite basse, qui le menacent à long terme. Les 500 000 débris de plus de 1cm estimés en orbite basse actuellement vont s’accroitre et pourraient même impacter notre atmosphère.
Il convient à la fois de toujours mieux penser l’espace au service du développement durable et les usages durables de l’espace.

Actualités notre recherche

Appel à candidatures : post-doc en sciences de la durabilité

Les candidats ou candidates doivent être titulaire d’une thèse déjà obtenue (ou à obtenir au plus tard en janvier 2025) dans une discipline de sciences de la durabilité ou sciences de l’environnement ou une discipline liée à l’axe de recherche 3. 

A noter que les candidats peuvent avoir ou ne pas avoir déjà travaillé sur des thématiques liées au spatial. La mission de la chaire est d’encourager les chercheuses et les chercheurs à prendre l’espace comme nouveau terrain d’études.

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Appel à candidatures : un post-doc en sociologie

Les candidats ou candidates doivent être titulaire d’une thèse déjà obtenue (ou à obtenir au plus tard en janvier 2025) en sociologie ou dans une discipline pertinente liée à l’axe de recherche 3. 

A noter que les candidats peuvent avoir ou ne pas avoir déjà travaillé sur des thématiques liées au spatial. La mission de la chaire est d’encourager les chercheuses et les chercheurs à prendre l’espace comme nouveau terrain d’études.

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